Coralie Dufloucq L'entrepreneuriat, une expérience humaine

Une chose qui me semble trop souvent minimisée lorsque l’on parle de l’apprentissage entrepreneurial c’est le côté humain de cette expérience. Je vois que nos jeunes avec leurs projets et leurs valeurs ont vraiment cette envie d’amener leur touche au monde, de faire bouger les choses.

Je suis gestionnaire de projet pour le BEP (bureau économique de la province de Namur), et pour le projet LinKube qui est l’incubateur étudiant Namurois chapeauté par le BEP et subsidié par la Sowalfin.

Notre mission avec LinKube est d’accompagner les étudiants (ou les jeunes fraîchement diplômés) qui sont porteurs d’un projet entrepreneurial. Pendant deux ans (avec la possibilité d’une troisième année s’il s’agit d’un projet nécessitant plus de recherche et développement) ils peuvent être incubés dans notre structure. Concrètement, cela signifie qu’ils bénéficient d’ateliers thématiques, de coaching individuel ou collectif, d’un espace de coworking dans le TRAKK, d’une série d’outils et de services utiles à la maturation de leur projet, d’accès à des formations en lien avec leurs besoins spécifiques, etc. Tout est fait pour que les étudiants-entrepreneurs soient épaulés et évoluent dans un climat professionnel en toute autonomie.

Nous avons pour l’instant 39 projets en cours d’incubation pour un total de 67 étudiants et jeunes diplômés. Pour rejoindre l’incubateur, il faut surtout un certain état d’esprit et l’envie de creuser une idée, ensuite il faut aller sur notre site (LinKube) et remplir le formulaire. Une fois le formulaire envoyé, une rencontre est organisée avec un comité de sélection. A l’issue de ces rencontres qui s’organisent plusieurs fois par an, nous invitons les étudiants sélectionnés à rejoindre l’incubateur. Personnellement, je pousse vraiment tous les jeunes intéressés à tenter leur chance car il n’y a vraiment que du positif à en tirer. Tous les projets n’aboutissent pas à une création d’entreprise mais tous offrent la chance de vivre une expérience unique et enrichissante.

Une chose qui me semble trop souvent minimisée lorsque l’on parle de l’apprentissage entrepreneurial c’est le côté humain de cette expérience. Je vois que nos jeunes avec leurs projets et leurs valeurs ont vraiment cette envie d’amener leur touche au monde, de faire bouger les choses. Plus généralement, je trouve que la jeunesse actuelle à cette confiance en l’avenir, du moins à pouvoir agir sur lui. On le voit lors des manifestations que ça soit les marches pour le climat, le mouvement Black Lives Maters, ce sont des actions portées par la jeunesse. Et on retrouve cette dynamique chez nos étudiants-entrepreneurs : ils n’ont pas comme intention de changer le système économique mais par leurs actions ils entament des transformations car ils modifient la manière de le penser et de l’aborder. Souvent, il ne s’agit pas pour eux de créer un projet purement économique mais de construire un modèle qui apporte une plus-value sociale et/ou environnementale. Avoir une vision claire de leurs valeurs et réussir à l’intégrer dans un projet entrepreneurial contribue à procurer à nos étudiants un sentiment de réussite. Ce constat remet l’humain au centre des projets et cet enthousiasme est contagieux. Par exemple, récemment deux étudiants-entrepreneurs étaient tellement heureux d’aller chercher leur numéro d’entreprise qu’ils nous ont partagé leur selfie avec le notaire, d’autres qui ont décollé et m’appellent encore pour me tenir au courant de l’avancement de leur entreprise. Comme partout, il y a bien entendu des émotions moins agréables dans la vie des étudiants-entrepreneurs mais nous les accueillons aussi. Dans tous les cas, ces moments chargés d’émotions dépassent largement la définition de l’entreprenariat et pourtant ils font intégralement partie de l’expérience.

 

En parallèle au coaching et aux services spécifiques que nous mettons à la disposition des étudiants-entrepreneurs, nous organisons des ateliers sur des thématiques liées à l’entreprenariat. Ceux-ci mettent l’accent sur divers questionnements qui surgiront tôt ou tard dans la conception du projet. Le spectre est large et peut aller de la finance (faire un plan financier, trouver des capitaux, etc.), à la communication (augmenter sa présence sur les réseaux sociaux), en passant par le juridique (comprendre le RGPD), etc. Il ne s’agit pas d’aller en profondeur dans un sujet spécifique mais de repérer et d’ouvrir le dialogue avec des experts le cas échéant. Je pense par exemple à un comptable, un conseiller juridique, un community manager, un business angel, etc. Ces ateliers sont aussi l’occasion d’un rassemblement collectif des étudiants-entrepreneurs, ce que je trouve très important car ils peuvent échanger sur les problèmes qu’ils rencontrent, sur leurs idées et finalement faire avancer les projets des uns des autres.

 

Quand je vois les échanges entre les étudiants qui viennent de différents horizons, la facilité avec laquelle ils créent leur communauté, leur optimisme et leur envie de faire bouger les lignes. Je peux dire que mon travail a du sens et c’est une expérience que je recommande à tous…