Natalie RIGAUX Engagement citoyen: Une découverte personnelle de certains enjeux sociétaux
Sociologue et professeur de sociologie dans la faculté de sciences économiques sociales et de gestion. Dans son entretien avec Bruno Habran pour le site e³-unamur, Natalie Rigaux nous présente le cours “Engagement citoyen”, qui est destiné à tous les étudiants de la faculté et dont elle est la chargée de cours.
Depuis l’année académique 2019-2020, la Faculté des sciences économiques, sociales et de gestion a donné une possibilité aux étudiant.e.s de choisir entre sciences religieuses et engagement citoyen, dont je suis en charge. C’est à dire que nous demandons aux étudiant.e.s de passer 30 ou 40 heures de leur temps dans une association ou entreprise de type social et solidaire où il.elle.s doivent s’engager comme bénévoles. C’est à elles et eux de trouver le lieux d’engagement, et à différentes reprises dans l’année, il y a des temps collectifs où par petits groupes, je travaille avec les étudiant.e.s et les collègues de la FUCID, pour aider les étudiant.e.s à analyser ce qui se passe lors de cet engagement.
Le but est de découvrir différentes associations et entreprises sociales et solidaires qui fonctionnent sur un autre modèle que “l’entreprise capitaliste” classique. Nous demandons aux étudiant.e.s de se positionner comme citoyen.ne et d’évaluer dans quelle mesure cette initiative les incite à s’investir et poursuivre cet engagement sous différentes formes. Nous leur demandons aussi d’interroger tout ce qu’ils ont appris au sein de leur cursus et de voir comment ces apprentissages les aident à comprendre les nouvelles réalités qu’ils découvrent lors de cet engagement, puis de réinterroger leur cursus afin de savoir comment celui-ci peut leur permet d’aller plus loin dans ces grandes questions sociétales (injustice, migration, …). L’objectif est qu’ils développent un sens critique par rapport à leur cursus, qu’ils puissent questionner leur programme et les enseignants pour être plus en phase avec ces réalités et enjeux sociétaux contemporains.
D’une manière générale, au travers des travaux d’étudiant.e.s que je lis et de mes rencontres avec les étudiant.e.s, il y a vraiment un retour très positif par rapport à leur découverte du terrain et d’eux-mêmes. Certain.e.s se sont étonné.e.s qu’il ait fallu attendre le BAC3 pour qu’il.elle.s découvrent cette occasion d’engagement sociale. J’ai eu aussi pas mal d’étudiant.e.s qui souhaitent poursuivre leur engagement au-delà des 30-40 heures prévues dans le cadre de notre cours, il y’a donc vraiment un enthousiasme palpable chez certain.e.s.
Le but recherché par cet engagement citoyen est que l’étudiant.e y développe son éthique, qu’il.elle s’interroge sur ce qui compte pour lui.elle en tant que citoyen.e ou qu’étudiant.e.
Les étududiant.e. doivent rédiger un “journal des événements marquants”, c’est à dire identifier quels sont les moments de leur bénévolat qu’il.elle.s ont trouvé étonnant, questionnant, impressionnant, quelque chose qui les a marqués et qu’il.elle.s veulent approfondir. A trois reprises on organise des rencontres sous forme de séminaires où on travaille ensemble sur l’élaboration de ce journal. Et puis je les reçois tous individuellement pour faire une évaluation et leur donner des conseils. En fin de quadri, les étududiant.e.s me rendent le travail complet et reçoivent un feedback. L’idée c’est d’articuler l’engagement concret et une réflexion à ce propos.
Ce qui me frappe c’est que retrouvant les étudiant.e.s deux ans après un cours en B1, le mode d’interaction est cette fois beaucoup plus personnel. C’est une configuration tout à fait différente car je les vois un par un, mais aussi parce que l’expérience proposée les touche plus personnellement. J’ai eu avec eux des conversations que je n’avais jamais eues comme prof, même dans le cadre de cours en plus petit auditoire. Pour moi aussi ça a été une expérience très émouvante de rencontrer mes étudiants à un niveau éthique et politique auquel on n’a pas l’habitude de se rencontrer dans la relation classique prof-étudiant.e. Je pense que tout ça va continuer à renouveler mes méthodes d’enseignement.
- Natalie RIGAUX : nathalie.rigaux@unamur.be
- Aurore Gignez