Sophie Pondeville et Hélène Laurent L'accompagnement pédagogique « Learning by doing »
La pédagogie par projet permet aux enseignat.e.s et étudiant.e.s de créer ensemble du collectif et de l’innovation.
La cellule didactique de la Faculté de sciences économiques, sociales et de gestion coordonne tout ce qui est du ressort de l’accompagnement pédagogique des étudiant·e·s et des enseignant·e·s de la faculté. Elle mène aussi une mission de réflexion sur les pédagogies mises en œuvre dans le bachelier. Nous avons ainsi piloté la réforme de bachelier « Learning by doing » en collaboration avec les différents départements, ce qui a abouti en 2019-2020 au lancement de nouveaux programmes. La réforme a porté sur l’ensemble des bacheliers proposés par la faculté et s’axe principalement sur l’introduction d’apprentissages par projet. Il est demandé aux étudiant·e·s de travailler sur des projets de manière de plus en plus intense tout au long de leurs cursus, avec un nombre de 5 crédits en bloc 1 et jusqu’à 20 crédits en bloc 3. L’intérêt pédagogique des mises en projet réside notamment dans la formation sur et la mise en pratique de compétences transversales par l’apprenant·e. Cette mise en contexte est coordonnée et articulée avec les différentes disciplines du cursus afin de dépasser le cadre d’une simple accumulation d’unités d’enseignement séparées les unes des autres. Il s’agit donc d’une véritable approche-programme articulée autour des compétences disciplinaires et transversales que l’étudiant devrait acquérir durant le bachelier. Bien entendu cette nouvelle approche requiert un travail en amont de la part du corps enseignant, d’une part pour adapter et créer certains cours sous forme de projets, mais également pour échanger et se coordonner afin d’assurer une certaine continuité et progressivité entre les cours.
Cette collaboration entre enseignant·e·s marque une des premières expériences poignantes de notre projet : des idées ont fusé grâce aux échanges avec les différents départements, avec, comme résultat, une véritable synthèse des différentes propositions où chacun a pu s’exprimer et se faire entendre en parfaite co-création. La première « mise au vert » s’est révélée un moment fort avec la présentation d’un premier résultat de tout ce travail préliminaire. L’ensemble du corps enseignant a montré un accueil très positif à l’égard de cette nouvelle approche. Plus récemment, nous avons organisé une journée d’échange où les enseignants ont témoigné sur la mise en œuvre des projets. Un enthousiasme latent était perceptible tant dans le déroulement des projets que dans les réalisations des étudiants au cœur de ces projets ! Positionner l’étudiant·e comme act·rice·eur de sa propre formation est un pari qui s’est avéré gagnant avec des retours très positifs malgré les moments de doute inhérents à toute confrontation à l’inconnu ou l’incertitude. Cette approche a par ailleurs permis un certain changement de regard des enseignant·e·s sur les étudiant·e·s. En effet, les interactions avec les étudiants sont plus riches et leurs productions peuvent être de grande qualité. Quant aux étudiant·e·s, ils ont pu prendre la mesure de « l’approche programme », c’est-à-dire aller chercher dans différentes matières différentes ressources pour mener à bien leurs projets et sortir de la sorte d’une vision segmentaire des cours. Bien entendu tout n’est pas encore parfait et il y a encore des pistes d’améliorations à creuser. Tant mieux, cela signifie que nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises et qu’il est possible d’aller encore plus loin dans ce système d’autant qu’il a déjà apporté des résultats encourageants pour la première année de mise en place.
La mise en place de projets a pour objectif formel de développer certaines compétences transversales bien déterminées. Par exemple le travail en groupe et la collaboration sont un élément formel du travail par projet. Ainsi, les étudiant.e.s sont initiés aux outils nécessaires à un travail collaboratif efficace tels que les applications de communication à distance pour les réunions ou l’organisation et la mise en commun des fichiers via certaines plateformes, etc. En plus, le fait que les étudiant·e·s ne choisissent pas toujours leur groupe de travail leur donne une première expérience proche de celle vécue dans le monde du travail où on choisit rarement ses collègues et on doit s’adapter aux différentes façons de travailler des uns des autres. S’ajoutent la gestion interpersonnelle et le besoin de réussir à préserver la communication, même entre personnes sans affinités, pour mener à bien le projet.
L’habilité à communiquer efficacement à l’écrit ou à l’oral, l’esprit critique, l’autonomie et la créativité sont aussi travaillés durant les mises en projet. Ces compétences ont également été mises en pratique par les enseignant·e·s et coachs. Ils ont eux aussi fait preuve de créativité pour adapter leurs cours sous forme de projet et de capacité à collaborer pour développer ces apprentissages interdisciplinaires. Ils ont développé de nouvelles compétences pédagogiques que certains ont par ailleurs utilisées dans d’autres enseignements que les projets. Ceci démontre, au-delà de leur enthousiasme, une réelle capacité à faire évoluer leur pédagogie en dehors des cadres que nous avons établis.
Avec cette pédagogie axée sur les projets, un réel échange existe entre les enseignant·e·s et les étudiant·e·s. Cet échange se retrouve peu dans l’enseignement classique. Cette relation est enrichissante tant pour l’étudiant·e que pour le·la professeur·e. L’étudiant·e a cette exaltation et cette reconnaissance de créer et finaliser un projet. Il ou elle arrive avec ses idées, sa vision et ses apports qui, parfois, nous étonnent avec leur originalité.
Cette réforme, qui est l’aboutissement d’un travail de longue haleine de toute une équipe, a renforcé la collaboration de l’ensemble de l’équipe pédagogique de la faculté. Elle a permis de resserrer les liens entre ses membres et a démontré leur capacité à relever des défis ambitieux et à les mener à terme. Cela augure de nouveaux projets collectifs innovants !