Johan Tirtiaux La pédagogie au centre des objectifs de l’UNamur
J’ai le sentiment que les chargé.e.s de cours ont réussi à mettre la pédagogie au centre des objectifs de l’UNamur et leurs récits sont passionnants…
Je m’appelle Johan Tirtiaux et je suis membre de l’équipe PUNCH (Pédagogie Universitaire Namuroise en CHangement) de l’UNamur. Ce projet est lié à cet épisode de l’affirmation de l’Université de Namur comme une université pleine et entière. Dans cette démarche, une série de chantiers ont pris place (durabilité, qualité…) et l’un d’entre eux a porté sur la question de notre projet pédagogique. PUNCH est la traduction de ces chantiers d’un point de vue pédagogique. Tout est parti d’une question : « Quelle est notre spécificité pédagogique ? ». Des éléments de réponses sont apparus, des éléments d’héritage, de tradition tel que la cura personalis qui est une démarche chère aux jésuites prônant la proximité entre les enseignant.e.s et les étudiant.e.s, une attention particulière à chacun.e. Il était important de conserver cette singularité tout en s’inscrivant dans l’évolution du monde universitaire. Cela nous a amené à une approche originale consistant à nous pencher sur les dynamiques nouvelles mises en œuvre dans les classes et amphithéâtres et à les soutenir par un dispositif d’appel à projets « PUNCH ».
Nous avons ainsi soutenu des projets autour de classes inversées, d’apprentissage par projets ou par problèmes, etc. Nous en avons dégagé un certain nombre d’axes qui sont devenus les principes de notre projet pédagogique : méthodes actives, interdisciplinarité, ouverture sur le monde, approche programme. Cette dernière consiste à réfléchir collégialement au profil de sortie de l’étudiant.e en se demandant quels sont les grands acquis qui le.la définissent (un.e étudiant.e-citoyen.ne, critique, sachant collaborer, ayant des aptitudes professionnelles). Ensuite il faut organiser le programme afin que ces acquis (aptitudes, attitudes et compétences) y soient travaillés. Un aspect du travail de l’équipe PUNCH a été d’offrir une visibilité et un temps de partage aux innovateur.trice.s pédagogiques lors des « Midi PUNCH » ou d’autres occasions. En participant à ces initiatives chacun.e a l’opportunité de nourrir la vision collective de nos pédagogies pour les années à venir… Rapidement, cette dynamique a fait des émules et donné envie de réformes plus profondes chez certains enseignants ou à l’échelle de programmes et ce sur un mode « bottom up », sans que l’institution n’assigne qui que ce soit à réformer ses enseignements.
Au cœur de la démarche d’innovation pédagogique, j’ai accompagné des enseignant.e.s pionnier.e.s et curieux.se.s ayant envie de changement. J’ai été spécialement sensible à leur démarche à la fois audacieuse et prudente dans le souci des étudiant.e.s. C’était passionnant. Personnellement, dans cette dynamique qui prend sa source sur le terrain au milieu de cours, je dirai que j’ai eu un double rôle. II y a eu le rôle d’entremetteur, de facilitateur d’échanges. Je suis toujours fasciné de voir à quel point lorsque tout le monde est autour de la table la richesse des échanges vient d’elle-même, de façon naturelle… Le second rôle a été celui de soutenir un regard plus réflexif sur les projets d’innovation. De se donner les moyens d’identifier ce qui fonctionne et ce qui coince. La pédagogie se joue souvent dans les détails, parfois il suffit d’un rien pour qu’un dispositif fonctionne ou ne fonctionne pas, c’est pour cela qu’il est important de savoir prendre du recul.
Au travers des projets PUNCH on a donc vu de nouvelles façons d’enseigner se développer. Cela prend forme sous différentes modalités : les étudiant.e.s en physique de 1er année doivent construire un prototype à la manière d’étudiant.e.s d’ingénierie ; en communication les étudiant.e.s doivent travailler avec des commanditaires réels ; en médecine il s’agit d’une prise de rôles où les étudiant.e.s sont amené.e.s à jouer des mises en scène cliniques avec un faux patient. Cette dynamique bouscule les apprentissages. D’un côté, les étudiants sont davantage amenés à manipuler les notions et donc à mieux les comprendre, les intégrer les unes avec les autres, les retenir… D’un autre côté, il est clair que ces méthodes permettent de travailler d’autres objectifs d’apprentissage tels que les compétences transversales : créativité, la collaboration, l’autonomie, se confronter à des problèmes, compétences psyco-relationnelles en lien avec leurs futurs métiers… On retrouve une dimension de professionnalisation dans la formation. L’envie de lever les barrières entre les cours se fait sentir afin d’obtenir des parcours pédagogiques où les étudiant.e.s font vraiment le lien entre les différentes disciplines. On voit les collaborations entre enseignant.e.s se formaliser dans les programmes ce qui demande d’échanger sur leurs pratiques, de se coordonner pour éviter des répétitions, etc. Récemment nous avons vu un professeur d’anglais et un professeur d’éthographie animale fusionner leurs cours. C’est une première pour l’UNamur de proposer une nouvelle manière d’enseigner ensemble. Certains proposent de mixer les étudiant.e.s de cursus différents et d’années différentes dans des projets. C’est encore timide pour le moment mais cette émulation intéressante ne demande qu’à grandir…
Je ressens vraiment un intérêt grandissant des enseignant.e.s pour tout ce qui touche à la pédagogie et à l’innovation. Il y a 8 ans on rentrait dans une logique de soutien à l’innovation… Aujourd’hui la dynamique a vraiment pris. J’ai le sentiment que de nombreux chargé.e.s de cours ont réussi à mettre la pédagogie au centre des objectifs de l’UNamur et leurs récits sont passionnants… Après des années à avoir soutenu l’innovation pédagogique avec PUNCH, nous abordons une phase de diffusion. Un bel aboutissement de PUNCH est d’avoir redéfini le cap de notre projet d’enseignement autour de quelques grands axes (méthodes actives, interdisciplinarité, ouverture sur le monde…) tout en évitant d’assigner aux enseignant.e.s ce qu’ils doivent faire. Notre mission aujourd’hui c’est de maintenir cette dynamique, en pérennisant la logique de l’échange entre les enseignant.e.s, en veillant à se donner les moyens de l’innovation.
- François Xavier Fievez – Professeur d’anglais, méthodes axées sur l’entrepreneuriat.
- Mélanie Latiers – Chargé de cours, Organisation et gestion du changement.
- Anne-Catherine Lahaye – Chargé de cours, Communication d’entreprise
- REBOND - Programme individualisé de formation et de réorientation.
- Valérie Wathelet – PUNCH