Judith Jassogne Se mettre dans la peau de ...

Judith Jassogne anime l’atelier “Communication numérique”. Celui-ci a pour principal objectif d’initier à la création d’un site web, à l’animation éditoriale de celui-ci et sa mise en cohérence avec les réseaux sociaux.

À l’origine j’ai étudié philologie romane à Namur puis à Louvain car j’avais envie d’enseigner le français. Ensuite comme je travaillais à temps partiel j’ai eu l'opportunité de suivre des formations sur le côté. C’est durant cette période que j’ai entrepris une formation de développeur web et en parallèle un DES en communication multimédia à l'UCLouvain. Ces deux formations m’ont permis de quitter ma casquette de “prof de langue romane”. J’ai ensuite décroché une opportunité au bureau économique de la province de Namur, puis à la région wallonne (portail wallonie.be) et enfin au parlement européen. Après ces diverses expériences, j’ai souhaité prendre un statut d’indépendante (à temps partiel). Suite à un appel d’offre de l’UNamur, j’ai eu mon premier contact avec l’institution et dans la foulée, on m’a proposé de reprendre une charge de cours pour l'atelier ”WebMaster”. Cela fait maintenant trois ans que j’enseigne à l’université de Namur. Dernièrement, je me suis réinscrite à la Louvain School of Management de l’UCLoubain dans un programme exécutif en gestion de l’innovation…. Pour le « reste », j’exerce également une fonction d’experte digitale dans une compagnie d’assurances.

J’explique toujours aux étudiant.e.s que le travail d’analyse business comme on le pratique ensemble c’est “le scénario idéal”. En situation réelle, lorsqu’on a le CMS en mains, il faut savoir s’adapter car on ne dispose pas nécessairement de la police d’écriture choisie  ou la homepage ne peut pas se construire exactement comme la maquette l’envisageait, etc. Mais ce n’est pas grave ! Il faut rebondir et trouver des solutions alternatives qui fonctionnent de toute façon. Si, par exemple, un.e étudiant.e n’arrive pas à faire le formulaire voulu dans ODOO ou dans WIX et me dit “Je peux faire un google forms ?” Mais oui ! c'est génial ! C’est génial, qu’il.elle ait pensé à mettre en œuvre une alternative pour aboutir au résultat voulu ! En cela mon parcours ressemble un peu à la manière dont je donne cours. C'est-à-dire être capable de changer, d’accepter le changement et faire évoluer l’ensemble vers un résultat final professionnel dont chacun.e tire de la satisfaction.

J’ai repris un cours qui s’appelait “WebMaster et écriture multimédia” destiné aux étudiant.e.s de communication BAC 2 et qui était orienté développement technique. Les étudiant.e.s y apprenaient à coder dans DreamWeaver... Je me suis dit “Houla ! Au secours !" Ce n’est pas que le codage ne soit pas intéressant en soi, mais apprendre cette technique me semblait énergivore en temps pour de futur communicant.e.s. J’ai donc proposé d’innover et de repenser ce trajet avec les étudiant.e.s en leur proposant d’apprendre à gérer un CMS et surtout, de développer toute l’analyse business préalable pour aboutir à un site web professionnel. Les responsables ont soutenu ma proposition et la première année nous avons démarré avec cinq étudiant.e.s, ce qui m’a permis de bien mettre en place le cours. Je suis partie avec l’idée de vraiment leur apporter des méthodologies, des outils, etc... Je suis assez curieuse au niveau technologique et j’arrive souvent avec des outils que nous testons en classe, on crée un brainstorming avec un outil online gratuit, ou des mindmap, des card-sorting, … Il y a un aspect très pratique à cette approche. L’aboutissement de l’atelier est de créer le site web d’une organisation (fictive) et une page Facebook professionnelle dans le respect de l’écosystème communicationnel de l’organisation représentée. Pour ce faire, on se pose des questions comme : “A quoi le site va servir pour l’organisation ? Qu’est-ce que l’organisation attend comme rentabilité ?” - pas nécessairement « rentabilité » comme on l’imagine dans le secteur de la  finance, mais par exemple penser à publier un FAQ dans le site en ayant pour objectif de recevoir moins de coups de téléphone - “Quelles sont les cibles de mon organisation ?”… Ils et elles apprennent aussi à créer des personas, processus qui les fait réfléchir aux différents types de cibles, catégories sociales, etc… Chaque persona a plusieurs petites histoires ou parcours qu’il.elle réalise pour obtenir réponse à ses questions et accéder à une information pertinente. Il y a donc toute cette analyse préalable, en plus de la création de l’arborescence, la création d’une palette graphique, d’un logo, le design  d’une maquette...

Ce que je demande avant tout à nos étudiant.e.s, c’est qu’ils.elles fassent preuve de curiosité, de professionnalisme, d’audace… Je souhaite qu’ils.elles ne baissent jamais les bras et puissent aller au bout de leurs projets. Pour moi, ma démarche prend tout son sens lorsque j’entends par exemple ma collègue Madame Lahaye me raconter qu’ils.elles ont eu une problématique à résoudre dans son cours de bac 3 et que les étudiant.e.s lui ont répondu: “ avec Madame Jassogne, on a utilisé le mind-map ; on a créé les personas ; ...”. Là, je me dis que j’ai rempli ma mission, c’est bingo ! Ils comprennent l’intérêt des outils abordés ensemble et sont capables de les exploiter dans un autre contexte. À mes yeux, ces petits événements valent vraiment la peine d’être témoignés car ils donnent envie de s'investir. C’est une démarche qui est proche de l’initiative UNe³, pour un écosystème qui communique et échange...

Anne-Catherine Lahaye – Chargée de stage Information & Communication