Aurore Gignez S'engager et découvrir en tant que citoyen
Aurore Gignez a participé au cours d’engagement citoyen avec Natalie Rigaux. Aujourd’hui elle partage son projet et les bienfaits de ce cours.
J'ai choisi de mener cette expérience d’engagement citoyen au sein d’un centre ADA Croix-Rouge. Il s’agit de centres qui accueillent les personnes issues de l’immigration et les accompagnent dans leur insertion au sein de la société belge. Je me suis personnellement impliquée auprès des plus jeunes de ce centre, donnant un soutien scolaire aux enfants et adolescents qui le désiraient
Ce qui fut pour moi le plus intéressant était la presque totale autonomie qu’on m’accordait là-bas. Les seules choses fixées d’avance étaient les horaires auxquels je pouvais donner mes cours aux enfants.
Pour le reste, tout était à créer de moi-même. J’étais libre des méthodes que je voulais appliquées, de ce que je décidais d’enseigner aux enfants, des règles inhérentes à mes séances de cours (par exemple le port du masque pour des raisons sanitaires, le fait de venir avec son journal de classe etc.). Bref, j’étais livrée à moi-même et ce fut assez stressant au début mais très vite j’ai su où je voulais aller avec cette école des devoir et j’ai trouvé assez grisant de pouvoir mener à bien ce petit projet (si je peux le qualifier ainsi). Cette sensation fut renforcée lorsque les enfants revenaient avec des bonnes nouvelles quant à leur notes scolaires et qu’ils me remerciaient d’être là pour eux.
Je me souviens d’une petite fille en particulier qui était très assidue. C’était compliqué pour elle car parfois sa mère lui faisait manquer mes cours pour qu’elle garde ses petites sœurs lorsqu’elle allait au marché. Malgré ça, elle venait dès qu’elle le pouvait et avec toujours une grande volonté d’apprendre. Elle évoluait extrêmement vite et moi-même j’étais très impressionnée. Un jour, elle est venue me voir avec un énorme sourire et m’a annoncé qu’elle avait de super notes à son bulletin et qu’en plus elle allait être admise en classe dite « normale ». Ça été pour moi comme un moment d’accomplissement. J’étais là chaque samedi matin à dispenser mes cours pour atteindre cet objectif.
- Faire preuve de créativité a été mon mot d’ordre dès le départ. Il faut souvent se montrer très inventif pour réussir à faire comprendre à un enfant ce qu’il n’a pas pu comprendre avec les méthodes classiques d’enseignement lorsqu’il était en classe.
- Motivation et persévérance vont de pair avec créativité. Pour que ça fonctionne, il fallait à la fois que moi je sois motivée et créative, mais aussi que les enfants soient patients et persévérants.
- Connaissance de soi et auto-efficacité. Une chose qui a été compliquée pour moi et pourtant indispensable ça été de comprendre que je ne pouvais pas avoir réponse à tout. J’avais des limites dans mes compétences et certaines fois il me fallait le reconnaitre et délégué ou chercher moi aussi de l’aide pour parvenir à répondre aux besoins de certains enfants. Je pense par exemple à mes soucis en matière d’orthographe ou au fait que je ne connais pas l’arabe (langue fort répandue au centre qui permet parfois d’expliquer aux enfants ce qu’ils n’ont pas compris en français).
- Prendre de initiatives, planifié et gérer. Je regroupe ces deux idées car dans mon cas elles ont vraiment été liées. Il fallait absolument que je gère l’école des devoirs lorsque j’étais seule sinon il n’y aurait simplement plus eu d’école des devoirs. Pour ce faire, il a bien sur fallut que je prenne quelques initiatives que ça soit pour m’adapter à mes disponibilités ou aux besoins des enfants. (Par exemple, je me suis permise d’apporter un ordinateur pour leur permettre un apprentissage plus ludique).
- Apprendre des expériences. Je ne vais pas m’étendre là-dessus mais il est évident que quand on prend des initiatives, parfois ça ne fonctionne finalement pas. A ce moment-là il faut rebondir, apprendre de ses erreurs et trouver autre chose.
J’ai compris une chose importante qui est que, même si on attend de moi que je sois compétente et performante, on n’attend pas pour autant que je sois parfaite. J’ai le droit de ne pas savoir et ça n’est pas la fin du monde pour autant. Je peux demander de l’aide sans pour autant qu’on remette en question mes compétences et aptitudes dans ce que je fais.
Un second point que je n’ai pas appris mais que j’ai vu se confirmer durant mon expérience: entreprendre ne peut pas se faire avec modération. Sans motivation, détermination et persévérance, sans créativité et capacité d’initiatives, le projet est voué à l’échec. Il faut se donner à fond si l’on veut voir un réel progrès dans ce qu’on entreprend.
Enfin, j’ai pu constater que le côté social et convivial est souvent sous-estimé. Si l’on semble blasé ou en tout cas qu’on ne se montre pas avenant, les gens se détournent et notre projet est à nouveau voué à l’échec quelques soient nos autres compétences.