Alix Delvigne Une citoyenneté active pour un monde plus juste et solidaire

Ma mission et celle de mes collègues est de sensibiliser et d’accompagner des groupes de jeunes citoyen.ne.s acteur·trice·s de changement, qui se mobilisent pour un monde plus juste, durable et solidaire.

Je m’appelle Alix Delvigne, je suis chargée de projets en éducation à la citoyenneté mondiale et solidaire au sein de l’ONG du campus namurois, la FUCID -Forum Universitaire pour la Coopération Internationale au Développement. Dans ce cadre, ma mission et celle de mes collègues est de sensibiliser et d’accompagner des groupes de jeunes citoyen.ne.s acteur·trice·s de changement, qui se mobilisent pour un monde plus juste, durable et solidaire. Cette vision, nous la traduisons sur le terrain par des conférences (les Midis de la FUCID), des café philos, des animations dans les cours, des week-ends de formation, mais aussi par des projets de plus longue haleine autour d’enjeux mondiaux. Si je devais traduire notre action en quelques mots, je dirais : « faire vivre une expérience questionnante et mettre en action »...

Cette année, nous sommes parti.e.s avec un groupe d’étudiant.e.s à la rencontre d’acteur.trice.s de terrain qui se mobilisent avec les personnes migrantes bloquées à la frontière franco-italienne. Suite à ce voyage, et au sein d’un groupe plus large composé des étudiant.e.s de français langue étrangère de l’UNamur et d’étudiant.e.s en travail social de l’Hennalux, les jeunes ont initié une création collective autour du slam, du théâtre et de la danse. Nous nous sommes aussi investi.e.s avec Natalie Rigaux dans le lancement de l’unité d’enseignement transversale « engagement citoyen » où les étudiant.e.s acquièrent des apprentissages au travers d’une expérience de volontariat dans une organisation à finalité sociale, durable et/ou solidaire. C’est ce qu’on appelle du service learning. L’aspect important de ces dispositifs se situe dans les temps de retour d’expérience vécue durant lesquels les étudiant.e.s sont accompagné.e.s dans leur cheminement. Il n’y a pas besoin d’aller très loin pour apprendre, se plonger dans un univers inconnu, au sein d’organisations engagées ou à la rencontre de publics peu familiers. Je dirais qu’il est question avant tout d’ouvrir les yeux et l’esprit, et accompagner cet éclairage rend mon métier passionnant.

Travailler sur le terrain avec des groupes de jeunes nous amène à vivre de nombreux moments forts et j’aimerais surtout témoigner des temps de discussions que les étudiant.e.s nourrissent tout au long des projets. Si la diversité des expériences est à souligner, le moment où chacun.e peut déposer son histoire et trouver une résonance dans celle de l’autre est très riche. Notre espoir, c’est évidemment que cette prise de conscience nourrisse les jeunes le plus longtemps possible. Si nous travaillons toujours avec un public de jeunes adultes, c’est pour nous une vraie richesse de pouvoir sortir de l’entre-soi universitaire et que les  « mondes » se rencontrent, échangent leurs savoirs et leurs expériences et puissent construire ensemble.

Il y a de nombreuses compétences transversales qui sont mobilisées par les étudiant.e.s dans les projets de la FUCID. Ici, j’aimerais développer deux aspects parmi d’autres qui sont étroitement liés : «développer la conscience de soi » et « travailler avec les autres ». Lorsque nous commençons à travailler avec un groupe, nous invitons chacun à se questionner sur son identité personnelle, ses valeurs, ce qui le mobilise, etc. C’est un travail que certain.e.s étudiant.e.s n’ont pas l’habitude de faire et qui leur permet de se positionner au sein de la société. Ce travail est important à faire en amont de la rencontre. Se rendre compte de la complexité de sa propre identité permet d’aborder l’autre avec un regard différent. 

Ensuite, il y a la compétence du travail avec les autres. La rencontre est au cœur de notre action. Nous pensons qu’en amenant les jeunes à construire collectivement, ils et elles en ressortent avec beaucoup d’apprentissages. De plus, nous amenons des publics différents à travailler ensemble pour permettre une rencontre interculturelle. Le fait d’amener ces jeunes à créer ensemble, que ce soit un podcast, une pièce de théâtre ou encore une action de plaidoyer leur permet de construire un message commun et ensuite de le relayer sur le campus. Rassembler tou.te.s ces jeunes autour d’un projet commun, c’est ouvrir la porte vers l’inconnu et nous ne sommes jamais déçu.e.s. 

Créer du lien, montrer ce qui existe, ce qui est fait par d’autres en dehors de l’université, c’est important pour soutenir ceux qui se mobilisent et donner confiance à ceux qui vont passer à l’action. Nous avons tou.te.s quelque chose à apporter et à apprendre au travers d’expériences collectives, de projets de mobilisation.

  • Sabine Henry - Professeure à l’UNamur ; Recherche sur les interactions entre l'environnement et l’immigration.